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Faut-il rejeter les compétitions?

réflexions équestres Sep 10, 2019

Le débat sur la compétition mène à des discussions sans fin et parfois très violentes. Pourtant, j’ai parfois la sensation qu’on passe à côté de certaines questions importantes liées à la compétition avec des chevaux. Du coup, j’ai voulu partager avec vous une interview que j’ai donnée au magazine Cheval Savoir en 2014.

 

 

"Pour vous, l’équitation de compétition de dressage (ou d’une autre discipline) est-elle compatible avec le concept d’équitation de tradition française et/ou avec ses méthodes?"

Je pense qu’on prend peut-être le problème dans le mauvais sens.

Les compétitions en elles-mêmes ne me semblent pas le vrai problème.

Personne ne m’interdira de rentrer sur un carré de compétition en montant les rênes flottantes et en effectuant un travail qui répondrait totalement aux exigences de l’équitation de tradition française, ou de quelque autre tradition d’ailleurs.

Les mouvements n’ont pas changés, le piaffé est le piaffé depuis des siècles et seule a changé la manière dont nous concevons l’exercice et dont il est noté.

Donc, en elles-mêmes, les compétitions ne sont pas le problème.

Par contre, il y a deux questions fondamentales qui se posent alors : que sommes-nous prêts à faire, en tant que cavaliers et en temps qu’êtres humains, pour gagner une médaille ? 

Et une équitation «strictement» classique a-t-elle des chances de gagner une médaille?

Et là encore, je connais le nom d’une dame très connue dans le milieu du spectacle équestre qui «dresse» ses chevaux de liberté aux décharges électriques. 

Est-ce le spectacle le problème? 

Je ne pense pas. 

C’est juste l’humain qui perd l’amour et l’empathie.

Là est le vrai problème. 

Et lorsque je vois des gens critiquer tout et tout le monde à tord et à travers (dont la compétition), avec une violence et un intégrisme qui me font peur, j’ai la sensation que leur amour et leur empathie ne sont pas beaucoup plus développés.

 

Photo par Céline Brabant ©

 

J’ai vu des choses horribles chez des cavaliers se réclamant de l’équitation classique. 

Des chevaux fous, les yeux exorbités, qui souffraient terriblement. 

J’ai vu la même chose chez des cavaliers de compétition. 

Et dans les deux équitations j’ai aussi vu des cavaliers très fins, qui respectaient vraiment leur cheval.

Je pense que le phénomène est exactement le même lorsqu’on se présente sur un carré de compétition que lorsqu’on se soumet au regard et au jugement du public lors d’un spectacle ou d’une présentation publique. 

Tout dépend de ce que l’avis des autres et l’envie de se présenter au mieux nous poussent à faire.

Quant à savoir si une équitation strictement classique peut ou non permettre à un cavalier de gagner une médaille, je dirais que c’est un faux problème. 

Dès l’instant où on pense en terme de résultat, il y a un grand risque de franchir la limite de l’éthique. 

La première question à se poser devrait peut-être être de savoir si ce que nous présentons nous plaît, si nous avons la sensation de respecter le cheval, son mental et son physique.

 Libre ensuite aux autres, au juge comme au public, d’aimer ou non ce qu’il voit.

 Une belle épaule en dedans, qu’elle soit réalisée avec un frison, un poney, un cheval espagnol ou un grand cheval allemand aux allures impressionnantes, sera toujours une belle épaule en dedans. 

 La légèreté du cheval donnera toujours ce quelque chose en plus qui est si difficile à atteindre. 

 Si le cheval a de très belles allures, il est évident que l’exercice aura encore un plus. 

 Comme un grand violoniste qui jouera sur un Stradivarius.

 Mais un cheval peut avoir de belles allures et être moins brillant qu’un autre qui sera très expressif ou aura beaucoup de présence et de charisme.

 Ça, c’est la partie subjective, propre à chacun. 

 Les chevaux aux grandes allures me touchent personnellement assez peu. 

J’en ai vu et monté beaucoup. 

Et aujourd’hui mon cœur peut exploser à la vue d’un cheval à la mauvaise constitution qui se livre entièrement lorsque son cavalier le monte.

Il n’empêche qu’un dos creux, des postérieurs inactifs ou en retrait, seront toujours des choses négatives. 

Que certains juges se laissent influencer par des mouvements impressionnants des antérieurs est un problème de juge, pas de compétition. 

Mais je pense que même hors des compétitions, certains critiques seront injustes ou émettront des jugements injustifiés sans avoir les connaissances nécessaires pour se permettre de les faire. 

J’ai lu beaucoup d’articles qui avaient été écrits lors des présentations publiques du Maître Nuno Oliveira.  

Certaines des critiques qui lui étaient faites, déjà à cette époque, étaient totalement injustifiées, injustes et témoignaient du manque de culture équestre ou de l’ego surdimensionné de ceux qui les lui faisaient. 

Alors que d’autres critiques étaient sans doute justifiées. 

Et pourtant ce n’étaient pas des compétitions.

Je crois qu’il faut laisser à chacun la liberté d’être ou non touché par telle ou telle équitation.  

Comme dans tous les Arts. 

 Van Gogh ne me touche pas et pourtant certains sont prêts à payer des millions d’euros pour un de ses tableaux. 

 Certains tableaux de Pollock me rendent fou d’admiration alors que ce ne sont que des lignes et des tâches. 

 Qui aurait le droit de dire que j’ai raison ou tort ?

 

Photo Laure Fanjaud ©

 

Ce que nous devons critiquer ce sont les méthodes non-éthiques. 

 Au cas par cas. 

 Ce ne sont pas les cavaliers que nous devons critiquer, au risque de dériver vers une chasse aux sorcières qui ne profiterait à personne. 

 Ce que nous devons critiquer ce sont des méthodes.

 C’est la violence et la contrainte érigées en moyens de dressage. 

 C’est le manque de légèreté. 

 Mais là encore, personne, pas même la FEI, n’a jamais interdit à personne d’avoir un cheval léger sur une carré de dressage. 

 La plupart des cavaliers se sont juste calqués sur ceux qui avaient gagné et qui ne montaient pas des chevaux légers. 

 L’œil de beaucoup d’entre nous, cavaliers, spectateurs ou juges, s’est habitué à ce manque de légèreté.

 Mais le problème n’est pas nouveau, on le retrouve en arrière-plan des ouvrages équestres depuis des siècles, preuve que c’est un problème de référence et de manque de sensibilité humaine ou équestre bien plus qu’un problème moderne.

 Nous devons applaudir ce qui nous touche, ce qui nous plaît, qu’importe si le cavalier monte un grand cheval allemand sur un carré de dressage, si c’est un parcours de CSO ou si c’est une petite jeune fille qui monte un poney toute seule avec respect, finesse et amour.

 

Pierre Beaupère.

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