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Que faire quand je ne suis pas d’accord avec mon enseignant ?

réflexions équestres Mar 09, 2020

J’ai lu tellement de mails de lecteurs qui nous faisaient part de leurs questionnements vis-à-vis des méthodes de leur enseignant car elles ne correspondaient pas à leurs conceptions ou à leur éthique qu’il m’a semble important d’écrire quelque chose sur le sujet.

J’ai moi-même été dans des situations de doute avec certains enseignants qui m’ont donné cours au début de ma carrière. 

Je n’avais pas une confiance absolue dans leur manière d’aborder la correction de difficultés que nous rencontrions avec un cheval ou je ne comprenais pas leur manière d’expliquer certaines notions.

Mais j’ai été surpris de découvrir la quantité de cavaliers pris dans des situations incroyables de maltraitance du cheval et/ou de manipulation psychologique. 

Ou simplement de voir des cavaliers continuer à prendre des cours durant des années avec des enseignants à la vision complètement opposée à la leur, au point de finir dégoûtés d’une discipline, voire de l’équitation en général.

Il n’est bien sûr pas question de tout mettre sur le dos des enseignants. 

Ce serait trop facile et complètement faux. 

Etant des deux côtés du spectre, je sais aussi comme certains élèves prennent cours avec nous uniquement pour prouver que nous avons tort et que ce que nous proposons ne fonctionne pas. 

Je sais aussi comme certains chevaux compliqués demandent parfois un travail spécifique et difficile à expliquer et comme il est parfois nécessaire d’être un peu plus sévère avec un cheval dangereux ou très mal éduqué (ou avec son propriétaire!).

Le problème est plutôt qu’il nous semble souvent impossible de remettre en question la parole du spécialiste. 

L’enseignant est souvent vu un peu comme le médecin. 

Et rares sont ceux qui osent remettre en question la parole de leur médecin, car il est censé en connaître beaucoup plus sur la question que nous. 

Pourtant, une de mes élèves, grande anesthésiste, m’avait confié comme certains chirurgiens étaient traités de «bouchers» par le personnel médical.

Il en va malheureusement de même pour les enseignants d’équitation. 

Certains sont excellents, d’autres vraiment bons, d’autres très qualifiés pour certains types de chevaux et pas pour d’autres, et certains sont franchement incompétents, manipulateurs et destructeurs.

Comment alors trouver l’équilibre entre la confiance qu’il est indispensable de placer dans notre enseignant, pour qui il peut être extrêmement difficile et démotivant de donner cours à un cavalier qui remet systématiquement en question ce qu’il propose ou qui cherche en permanence une bonne raison de s’offusquer, et notre capacité à ne pas accepter aveuglément des actes, un travail, une «méthode» contraire à nos conceptions et à ce qui est important pour nous et notre cheval?

Je voudrais vous proposer quelques clés pour vous aider à trouver cet équilibre. 

La première est de ne jamais oublier que le cheval que vous «confiez» à un professionnel (même s’il s’agit juste de prendre des leçons avec lui) est sous votre responsabilité. 

Je n’aime pas dire qu’il est « à vous », car je pense que nous sommes seulement les gardiens de nos animaux et qu’ils ne nous appartiennent pas. 

Mais il n’en demeure pas moins qu’en achetant ce cheval vous avez accepté la responsabilité de protéger autant que possible son intégrité physique et émotionnelle. 

J’ai rencontré énormément de cavaliers qui souhaitaient retirer leur cheval d’une écurie, d’un cavalier professionnel ou qui souhaitaient ne plus prendre cours avec un enseignant mais qui se sentaient obligés de continuer à travailler avec cette personne, même au détriment de leur cheval.

N’oubliez donc jamais que lorsque vous n’êtes vraiment plus d’accord, lorsque vous souhaitez vous éloigner, ce cheval est sous votre garde, pas sous celle de votre enseignant.

La deuxième chose est que vous soyez clair dès le départ. Car si nous voulons que notre enseignant prenne ses responsabilités, il va s’agir de prendre les nôtres. Quels sont vos objectifs réels? A quel point êtes-vous prêt à vous investir pour y parvenir? Quelles sont les choses importantes pour vous? Ce qui est non-négociable? Ce que vous acceptez et ce que vous n’acceptez pas? A quel point êtes-vous prêt à remettre en question vos principes et vos croyances pour laisser à votre enseignant la possibilité de vous montrer une autre voie?

Le truc important ici est de comprendre que les réponses à ces questions vous sont propres. 

Il n’y a pas de bonne ou mauvaise réponse. 

Même si je sais que l’idée peut être dérangeante, je ne pense pas qu’il y a qu’une seule manière de considérer la maltraitance des chevaux. 

Chacun place le curseur, la limite entre ce qui est acceptable ou non, à un endroit qui lui est personnel. 

Même si certaines pratiques sont punies universellement, il faut reconnaître que certains considèrent le simple fait de mettre un licol à un cheval comme de la maltraitance là où d’autres considèrent que monter à cheval est le plus beau des partenariats. Certains refusent de mettre un mors, d’autres pratiquent allègrement le rollkur sans pour autant se considérer comme des monstres, persuadés de le faire dans l’intérêt du cheval.

Il me semble donc important que vous commenciez par prendre le temps de réfléchir à ces questions en fonction de vous-même et de personne d’autre. 

En acceptant que vos conceptions et certitudes puissent évoluer avec le temps mais en acceptant aussi de savoir ce qui est important pour vous.

La clé suivante est le dialogue. Dans notre société ultra-connectée, je me demande si nous savons encore réellement exprimer un doute, poser une question, faire part de nos sensations et de nos émotions.

Or, votre enseignant n’est pas dans votre esprit. 

Il ne peut savoir à l’avance ce qui est important pour vous, où sont vos limites et vos objectifs. 

D’autant plus que les enseignants en équitation sont rarement formés (ou intéressés) à la psychologie humaine…

Dès lors, il me semble important de communiquer de manière claire avec votre enseignant. 

Non seulement pour lui dire ce qui est important pour vous mais aussi lui faire part de vos doutes sur un de ses choix ou une de ses actions. 

Il n’est pas question de l’agresser ou de le critiquer mais simplement de poser des questions, de demander des précisions, de faire part de vos peurs et même de vos réticences.

Il y a une énorme différence, du point de vue de l’enseignant, entre l’élève qui dit qu’il refuse d’essayer quelque chose que nous lui demandons et l’élève qui nous dit : «je ne me sens pas à l’aise avec cette action ou cet exercice», «je suis dans l’inconfort» ou simplement «j’ai peur de faire mal à mon cheval».

En tant qu’enseignant, nous sommes parfois tellement loin d’imaginer ce qui passe dans l’esprit de nos élèves ou ce qui peut les bloquer. 

Un enseignant qui a confiance en ce qu’il fait tout en respectant les chevaux et les cavaliers, restera ouvert au dialogue, tentera de vous expliquer pourquoi il propose cette action ou cet exercice. 

Et il ne cherchera pas à vous forcer si vous n’êtes pas prêt. 

Il sera capable d’accepter qu’il n’est pas l’enseignant pour vous, peut-être simplement pas à ce moment-là de votre évolution.

Et s’il n’a pas cette ouverture, aussi bon soit-il, la question est de savoir si vous souhaitez confier votre cheval à quelqu’un qui n’accepte pas qu’on lui pose des questions ou d’expliquer ses idées. 

Que va-t-il faire quand c’est le cheval qui va poser des questions ou remettre en question ses certitudes?

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